Explication du PATER NOSTER selon Pierre Lebrun, prêtre à l’oratoire.
Introduction au Pater, par Pierre Lebrun, dans son livre explication des prières et cérémonies de la messe.
Explication du PATER NOSTER selon Pierre Lebrun, prêtre à l’oratoire.
Notre Père, qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié ; que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite en la terre comme au ciel ; donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; et remettez nous nos dettes comme nous le remettons à ceux qui nous doivent ; et ne nous induisez point en tentation ; mais délivrez nous du mal. Amen
PATER. Ce mot de Père, qui marque tant de tendresse, et qui est si glorieux aux hommes, nous engage à prier avec confiance. Dieu est le père des chrétiens, parce qu’il les a adoptés en Jésus-Christ. Il leur a donné, di saint Jean, l’esprit d’adoption des enfants de Dieu, par lequel nous crions : Mon Père, mon Père. Considérez, dit saint Paul, quel amour le Père nous a témoigné de vouloir bien que nous soyons appelés, et que nous soyons en effet ses enfants. Nous ne pouvons donc prononcer ce doux nom de Père, sans exciter en nous des sentiments d’amour de reconnaissance, et en même temps sans penser que les enfants de Dieu sont ceux qui ne vivent pas selon la chair, mais qui sont conduits par son esprit (épîtres aux Galates).
NOSTER, notre. Ce terme nous avertit premièrement que nous sommes tous les membres d’un même corps, les enfants d’une même famille, et que nous ne devons espérer d’être exaucés que comme faisant partie de ce corps et de cette famille ; secondement, que nul n’a lieu de se préférer aux autres, parce que nous devons uniquement estimer dans nous et dans les autres ce qui nous rend des vrais enfants de Dieu et les membres vivants du corps de Jésus-Christ ; troisièmement, que nous devons souhaiter les vrai biens pour nos frères comme pour nous ; quatrièmement, que nous devons entretenir avec eux une union de charité, et par conséquent étouffer en nous toute semence de division et de discorde.
Ces deux mots, notre Père, que nous venons d’expliquer, doivent lever d’abord une difficulté que plusieurs proposent : D’où vient que nous faisons point mention de Jésus-Christ dans aucune des sept demandes du Pater, quoiqu’il nous ait expressément ordonné de ne rien demander qu’en son nom.
On doit répondre que, quoique nous ne nommions pas Jésus-Christ, nous faisons nécessairement cette prière en son nom, puisque c’est sa prière, et que d’ailleurs, quand nous disons : Notre Père, nous ne pouvons user de ces termes qu’en marquant que nous avons l’honneur d’être les frères de Jésus-Christ, et que nous ne nous présentons et nous ne prions qu’en cette qualité, suivant ce qu’il nous a dit : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.
QUI ES IN COELIS, qui êtes dans les cieux. Nous entendons par le ciel la demeure des bienheureux, où l’on possède Dieu sans craindre de le perdre.
Dieu remplit par son immensité la terre et les cieux. Il est également partout ; mais nous disons qu’il habite principalement dans les cieux, parce qu’il y communique pleinement ses biens et sa gloire aux esprits célestes.
Ces termes, Notre Père qui êtes dans les cieux, sont très propres à nous porter à faire avec confiance les demandes suivantes. On demande avec confiance quand on s’adresse à celui qui veut et qui peut nous faire du bien. Dieu est notre Père : il veut donc nous faire du bien ; et il peut tout ce qu’il veut, puisqu’il est le Père céleste.
Enfin ces mots, « qui êtes dans les cieux », nous marquent quelles doivent être nos demandes. Nous ne devons demander que ce qui peut nous mener au ciel, où est l’héritage que notre Père nous doit donner comme à ses enfants ; nos pensées, nos actions et nos espérances ne doivent donc tendre qu’à cet héritage, afin que nous travaillions sans cesse à nous rendre dignes de l’obtenir