A propos d'une tombe, celle de Mgr Lupé
Excellent article trouvé sur http://www.forez-info.com/encyclopedie/46-/115-a-propos-dune-tombe.html . Nous nous dégageons des prises de positions extra historiques de l'auteur quelles qu'elles soient.
Nous rappellons juste que le Nazisme comme le Bolchevisme furent condamnés par la Sainte Eglise. La restitution historique est soignée, la neutralité convenable.
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Dans le Pilat, il y a un petit village. Dans le village, il y a un petit cimetière au milieu duquel se trouve un imposant tombeau surmonté d'une grande croix. Ici repose Jean de Mayol de Lupé, un homme d'église qui sent le soufre. Voici une histoire classée X.
La dernière tanière du loup
Le château a été construit au XVe siècle mais Emile Salomon, dans Les châteaux historiques du Forez (1916), reprenant les propos du chanoine La Mure, nous indique que la seigneurie de Lupé, elle, remonte à la plus haute antiquité. A l’époque mérovingienne, Saint-Ennemond, sentant sa vie menacée par Ebroïn aurait fait venir auprès de lui, à Lyon, un chevalier de Lupé nommé Valdebert. Mais le nom de Lupé reste surtout attaché à la famille De Gaste, dont une dame du XVIème siècle, Marguerite, fut aimée et chantée par Anne d’Urfé. Le nom du village semblerait venir du latin « lupus » autrement dit « loup ». Le nom des Urfé, dont certains membres, comme les Gaste de Lupé, ont combattu contre les réformés (protestants) et dans la Sainte Ligue, pourrait avoir la même origine animale. Il était tentant de glisser un mot à ce sujet. Mais beaucoup d’autres l’avaient déjà fait avant nous.
L’église du village est placée sous le vocable de Sainte Blandine, la jeune martyre lyonnaise. Au dessus du portail, une sculpture la représente à genoux, en prière les bras croisés sur la poitrine. Elle est ligotée à un poteau et le lion qui devait la croquer est paisiblement couché à ses côtés. On remarque de chaque côté de la scène deux blasons. Celui de droite est celui de la famille De la Baume, en langage héraldique " D’or à trois chevrons de sable ; au chef d’azur chargé d’un lion issant d’agent, couronné d’or ". L’autre est celui de la famille de Mayol de Lupé, il est " de sinople à six pommes de pin, versées d’or, 3, 2 et 1 " autrement dit, bien que la pierre ne rende pas les couleurs, normalement vert avec six pommes de pins dorées disposées sur trois bandes ; trois en haut, deux au centre et une en bas.


Avertissement :
Cet article s’inscrit dans notre dossier Forez 40-44. Il est basé en particulier sur le travail de certains auteurs dont nous devons dire un mot. Marc Augier, connu sous son pseudo de Saint Loup, est l’auteur des Volontaires, qui raconte l’histoire de la L.V.F. Rallié à l’idéologie nazie, Saint-Loup fut durant l’Occupation le rédacteur en chef du journal collaborateur La Gerbe et correspondant de guerre sur le front russe dans le sillage de la L.V.F et des Waffen SS français. Clandestin après 1945, il faillit remporter le prix Goncourt en 53 avec La nuit commence au Cap Horn, avant que son identité ne soit révélée. Il s’est éteint en 1990. Jean Mabire est connu pour ses nombreux ouvrages consacrés aux unités d’élite, en particulier allemandes durant le deuxième conflit mondial. Ecrivain de la « droite nationale », décédé, il écrivait une chronique littéraire dans National-Hebdo. Nous utilisons son livre La Division « Charlemagne ». Nous savons peu de choses de René Bail, auteur des Croix de Monseigneur de Mayol de Lupé, sinon qu’il a écrit des ouvrages consacrés aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Les deux premiers livres, parce que leurs auteurs comme nous l’avons écrit, sont proches de l’idéologie nationale, font de Mayol de Lupé un grand homme, excessif et inquisiteur, comme il se doit. Dans le troisième, l’auteur s’emploie à montrer (sans illusion) que Mayol de Lupé, l’homme, ne doit pas être résumé à un symbole ; en l’occurrence un uniforme feldgrau et deux runes en forme d’éclairs. Mais un uniforme feldgrau et deux runes en forme d’éclair est une croix lourde à porter, surtout d’ailleurs pour ceux qui ne l’ont pas portée ! En même temps, on chercherait aussi en vain, dans le livre, toute allusion à une forme de racisme, racialisme ou autres antisémitisme directement affirmé par De Lupé. Et cette absence, fondée ou non , peu importe, en devient suspecte. Mabire, au moins se distingue par une ironie mordante, écrit que "De Lupé était capable de convertir Hitler au Christianisme et Joséphine Baker au racisme" ou qu’"il ne faudrait pas le pousser beaucoup pour qu’il compare Himmler à l’archange Saint Michel." C’est « rassurant », en même temps peut-être injuste. Bail nous dit de nous méfier de ce qu’ont écrit Mabire et Saint-Loup.
La famille de Mayol est une très ancienne famille originaire du Pilat ; de Bourg-Argental. Elle occupait un rang distingué dans la bourgeoisie de robe avant d’être anoblie au début du XVIIIème siècle. Les Mayol de Lupé ont affirmé être apparentés à d’autres Mayol, la noble famille provençale des Mayol de Saint-Maximin, laquelle a donné Saint Mayol, abbé de Cluny au Xème siècle. Cependant, la plus ancienne mention d’un Mayol du Forez date de 1529. Il s’agit de Thomas Mayol, procureur du roi au bailliage de Forez. D’autres furent capitaines châtelains des châteaux et seigneuries de Lupé et Montchal. En 1660, Guillaume de Mayol, seigneur de Logelière, est conseiller au bailliage de Vivarais, juge général de la ville d’Annonay et maître des requètes de la reine Anne d’Autriche. Le 19 avril 1707, François de Mayol est annobli. Il achète la seigneurie de Lupé.

Jusqu’à la Révolution, les Mayol de Lupé sont possesseurs de nombreuses seigneuries et titulaires d’offices. La famille s’allie, par mariages, à d’autres familles nobles et donne de nombreux hommes d’église : abbés, chanoines et autres prieurs et aumôniers. Cette tradition, somme toute assez courante dans les familles nobles, ne se démentira jamais chez les Mayol de Lupé. Jean et trois de ses sœurs entreront dans les ordres.
En 1793, la terreur révolutionnaire frappe la famille de Mayol. Une inscription indique sur le caveau famillial de Lupé : "Fleury Zéphyrin de Mayol de Lupé, fut immolé à Lyon par la fureur révolutionnaire le 26 frimaire an II." Son père repose aussi dans le tombeau : "Jacques Joseph de Mayol, seigneur de Lupé et autres lieux, conseiller d’honneur à la cour des Monnaies de Lyon, emprisonné à Roanne sous la Terreur, sauvé de la mort par le IX Thermidor (chute de Robespierre, ndlr) + à Lupé le 25 février 1807 à l’âge de 89 ans. Il fut surnommé le Père des pauvres." Une comtesse de la famille et une religieuse reposent de même dans l’impressionnant tombeau, à la fois massif et dépouillé; également cinq prêtres du village. Parmi eux "André Oriol, curé de Lupé, prêtre vraiment héroïque pendant tout le cours de la persécution révolutionnaire. Il fut le soutien des pauvres, le consolateur des malheureux et un ami très fidèle pour la maison de Mayol de Lupé. + le 28 mai 1829 à 77 ans."

Il risque sa vie de nombreuses fois pour apporter l’absolution aux mourants jusqu’au jour où il est fait prisonnier. Il prend la poudre d’escampette, erre dans le no man’s land nordiste, est repris, envoyé en Allemagne. Il s’évade encore, est repris. Il est finalement libéré en 1916. En 1918, il est blessé. En 1919, l’aumônier est affecté en Bessarabie. René Bail cite le témoignage d’un soldat qui l’a connu alors : "En tant qu’ homme, il en imposait. Comme prêtre, il était respecté, mais aussi très aimé, adoré même de la troupe (…) Il visitait tous les régiments, par tous les temps… Par – 30°, il partait à cheval et revenait quelquefois complètement frigorifié. Il fallait l’aider à descendre de sa monture…" Le Père Mayol de Lupé sur son cheval, un souvenir que semble avoir gardé dans leur esprit une foule de soldats, des champs de bataille de France, de Bessarabie, d’Orient... Elle revient sans arrêt, comme une image de Gustave Doré dans les anciens livres d’histoire. Philippe Masson dans « La L.V.F nach Moscou », (Historia H.S. n° 40) : "A tout moment on le rencontre à cheval, exposant aux ardeurs de l’été son torse nu de vieil athlète, une grande croix de cuivre à son ceinturon, un parabellum enfoncé dans la botte, et distribuant à ses « fils » de généreuses bénédictions."La scène se déroule dans les plaines de Russie en 1943, « Monsignore » a lors 67 ans. L’homme se distingue aussi par son franc-parler et son humanité. En Bessarabie, il côtoie, console et secourt les syphilitiques, les ivrognes, les pécheurs de tous bords…
Ensuite c’est l’Orient. De Mayol de Lupé gagne la Syrie en 1921 où il s’y distingue encore. Il est cité à l’ordre de l’armée et inscrit aux tableaux de la Légion d’honneur. De la Syrie, il rejoint le Maroc et l’Algérie. Mis à la « retraite » militaire, il donne ensuite des cours à la Sorbonne. Un détail étonnant, au regard de ce que sera sa vie future: il écrit un article en collaboration avec André Pinaud : La paix, le legs d’Israel pour lequel il reçoit les félicitations du rabbin L.G. Lévy.
Dans les années 30, il effectue plusieurs voyages en Allemagne. Il y rencontre l’ambassadeur de France André-François Poncet qui lui dit un jour à propos d’Hitler : "Que le monde se méfie, car après avoir aboyé, il pourrait mordre." René Bail toujours, nous dit qu’il fit libérer, via Poncet, le professeur Othmar Spann et son fils, emprisonnés après l’ Anschluss. Mieux encore, il serait intervenu auprès de Franco en Espagne, pour faire grâcier Ajuriagerra, un Basque autonomiste que le Caudillo avait fait condamner à mort. Le 2ème bureau l’envoie aussi en Italie, qui « fricote » dangereusement avec le Reich, à la pêche aux renseignements. Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes attaquent la Pologne. C’est la guerre et De Mayol de Lupé, 66 ans, souhaite reprendre du service ! En vain, alors il continue ses cours pendant que la Wehrmacht envahit la Hollande, puis la Belgique, contourne la ligne Maginot où quelques blokhhaus sauveront l’honneur en résistant jusqu’au bout. C’est l’exode, immense, la débandade, l’occupation de Paris et les premières arrestations. Nombreux alors sont ceux qui viennent solliciter l’homme d’église qui connaît beaucoup de personnalités dont Otto Abetz, ambassadeur du Reich à Paris. Le 22 juin 1941 l’opération Barbarossa lance les armées allemandes contre l’Union Soviétique. Le pacte germano-soviétique n’est plus, les communistes s’engouffrent dans la Résistance et Mayol de Lupé, hanté par le spectre de l'athéisme soviétique choisit son camp. Au nom de l’Occident chrétien, il va pactiser avec le diable. [NDLR : la formule est crue mais non dénué d'une certaine pertinence lien ]

A Paris, les ultras de la Collaboration s’agitent et intriguent. Citons les plus connus : Doriot (Parti Populaire Français), Eugène Deloncle (chef de l’ancienne « Cagoule »), Marcel Déat (Rassemblement National Populaire), Bucard (chef du Francisme), etc. Ils souhaitent mettre sur pied une unité militaire française qui irait combattre sur le front de l’Est aux côtés des Allemands dans leur « croisade anti-bolchevique ». Ce sera la « Légion des Volontaires Français ». D’abord circonspect, le gouvernement Pétain, devant l’enthousiasme d’ Otto Abetz, donne son accord. Le 11 juillet 1941 marque la naissance de la L.V.F. sous la forme d’une association loi 1901, dont le président est Eugène Deloncle. Un communiqué indique : "Les mouvements français ont décidé (…) de représenter la France sur le front russe et d'y prendre part en son nom au combat pour la défense de la civilisation européenne traduction de l'aspiration de ces partis à l'édification d'un « ordre nouveau » européen." Courant juillet, au vélodrome d'hiver, où seront parqués plus tard nos compatriotes juifs, a lieu la première manifestation de masse pour lancer le recrutement pour la Croisade antibolchevique. Doriot (qui montre l’exemple dès 1941 en partant combattre), Déat, Deloncle… se succèdent à la tribune. Clémenti éructe : "Ce n'est pas la France qui a été battue, mais la bande de salauds, de juifs et de capitalistes."

Nous avons peu de renseignements concernant la L.V.F. dans la Loire. Un bureau de recrutement a existé - semble t’il – à Bourg-Argental, pays d’origine de la famille De Mayol mais la LVF ne semble pas avoir eu beaucoup de succès dans notre département. Ce ne fut pas le cas de la Milice, comme nous le verrons. Et Mayol de Lupé ? Ce sont ses amis allemands à Paris qui semblent lui avoir proposé de devenir l’aumônier de la Légion. Ils y voyaient un intérêt certain : le prestige de l’homme jouait en leur faveur. De Mayol rechigne puis accepte une mission courte, en attendant qu’un aumônier à temps plein soit recruté. Il se rend en Pologne où sont cantonnés les volontaires. Il participe à la cérémonie du serment au cours de laquelle il prononce une homélie : "Dieu protègera les défenseurs de la civilisation chrétienne" ; certains soldats ironisent, tous parmi la troupe ne sont pas catholiques, ni même croyants. Les soldats écoutent ensuite le discours politique de leur commandant, le colonel Labonne et l’effet est franchement désastreux. Hormis les militants convaincus, la plupart des combattants n’en n’ont rien à faire du baratin politique. D’autant plus que leur chef est plus « officier de salon » qu’homme de terrain. De Mayol de Lupé, sa mission accomplie revient à Paris, un peu à contre-cœur maintenant. L’appel de la troupe l’a happé. On lui propose de reprendre du service à temps plein. Servir dans une troupe en uniforme allemand ne lui plait guère. D’un autre côté, le bolchevisme c’est l’antéchrist ; alors que faire ? Le cardinal Suhard (selon Philippe Masson, déjà cité) aurait aidé à lever ses doutes : "Allons, pour qui s’occupe avant tout de s’occuper des âmes de ces hommes, l’uniforme, c’est une contingence et vous pouvez y voir une forme de pénitence." Le chanoine Jourdain, farouche opposant à l’occupant l’incite aussi à partir : "Des vies françaises sont en jeu, il faut partir."

Finalement, Hitler, toujours méfiant pour toute force militaire non-allemande refuse de donner son accord. La L.V.F. continue seule son chemin de croix. Au printemps 1943, elle compte 2 317 hommes. La plupart des hommes de troupe n’ont que méfiance et mépris pour leurs officiers supérieurs. Mais De Mayol de Lupé semble échapper à la règle : "Au fond du visage profondément buriné, à la peau boucanée, par la cuisson des déserts, aux rides incrustées verticalement comme le relief d’un paysage tourmenté, brille un regard d’aigle. Ce regard fouille les consciences avec des rudesses médiévales, mais son acuité reste tempérée par un fond de bonté bourrue et une astuce de colporteur napolitain."

Quelques mois plus tôt, il avait écrit en personne une lettre à Hitler pour lui demander la libération de 14 paysans de Lupé, prisonniers en Allemagne : "(…)Ces paysans sont la force de mon petit et pauvre pays. Ce sont pour moi de frères et des fils car j’ai été élevé dès l’enfance avec leurs pères et leurs aînés et moi et les miens nous ne sommes avec eux qu’une famille.Notre terre est une rude terre et notre pays a besoin de jeunes bras pour le travail de nos champs. J’ai la joie de pouvoir affirmer qu’à Lupé, tous les habitants, fidèles à ma voix, sont ardemment franco-allemands. (…) Je me confie à vous et j’espère en vous qui seul ici bas, pouvez avec l’aide de Dieu, sauver notre France aimée et réaliser la grande Patrie." René Bail n’indique pas clairement s’il fut entendu. En tout cas, ce sont six de ces paysans pour lesquels il était intervenu qui porteront son cercueil lors de son enterrement.


La division Waffen S.S. « Charlemagne » nait au camp de Wildflecken, en septembre 1944, (sous l'autorité de Puaud, lui même sous celle de Krukenberg) de la réunion d’éléments disparates. Trois unités composent le gros de la troupe : les survivants de la L.V.F., les Miliciens rapatriés de France et ce qui reste de la Brigade Frankreich.
La Milice fut créée le 30 janvier 1943 par Darnand et se caractérisait par son maréchalisme forcené, son anticommunisme et son anglophobie. A l’origine de cette « Gestapo française », ennemie jurée de la Résistance, il y a le S.O.L, « Service d’Ordre Légionnaire ». La Milice connut dans la Loire un essor rapide du point de vue des effectifs. Le 15 Avril 1943, elle compte 420 gardes, 80 miliciens et 40 miliciennes recrutés principalement parmi les ouvriers, les employés, les petits fonctionnaires des grandes villes. Nombreux sont les miliciens motivés par patriotisme, antisémitisme ou anti-communisme. Dans ses rangs également des gens sans scrupules, repris de justice et parvenus. Il semble qu’il y ait eu très peu de miliciens en uniforme sur le total (peut être 40 ou 50). Tous les autres étaient en civil. Plusieurs centaines de miliciens ligériens (ou auxiliaires) furent poursuivis à la Libération. Une caractéristique originale de la Milice dans la Loire était qu’elle était composée en majorité de franc-gardes qui constituaient la troupe d’élite de cette unité. Ceci explique les coups très durs qu’elle porta à la Résistance. "Après avoir fait régner la terreur en France, elle avait été chassée par les Alliés et la Résistance, et contrainte d'aller se réfugier, avec son chef Darnand, en Allemagne, où les « hommes en noir » , ce magma de brutalité animale et de servilité mercenaire, perdent de leur superbe, se trouvant obligés de choisir entre travailler dans les usines allemandes ou combattre dans les rangs de l'armée du Reich" (« Ces Français qui formèrent le dernier carré d'Hitler » Marianne, article de Pierre Giolitto; le lien vers l'article figure en bas de page.)
La Sturmbrigade n° 7 « Frankreich » est d’un autre type. Créée en 1944 sur le modèle belge de la brigade « Wallonie » (commandée par Degrelle), c’est une brigade SS de 3000 jeunes Français séduits par le modèle national-socialiste. Chez eux, pas de souvenirs catholiques et autres réminiscences de la « France éternelle » ; ils sont européanistes et paiens, fervents admirateurs d’Hitler et de l’Allemagne. Ils communiquent d’ailleurs dans la langue de Goethe. Ce qui n’ira pas sans frictions quand il s’agira de côtoyer les miliciens cocardiers et chrétiens, et les Légionnaires aventuriers qui remplacent volontiers « Heil Hitler !» par « Ein liter ! » (un litre !).

En 1973, Krukenberg évoquait son étrange cohorte : "Les miliciens qui avaient été versés presque d'office dans la division n'avaient pour la plupart aucune formation militaire. Les anciens de la LVF étaient souvent fatigués par trois ans de front et leur retraite difficile. Quant aux hommes de la Sturmbrigade, ils tenaient à marquer qu'ils étaient d'une espèce différente, bien entendu supérieure, celle des « vrais » SS, des nationaux-socialistes intégraux." De Mayol de Lupé, tant bien que mal fait taire les scrupules des uns et des autres. "Notre Saint Père le Pape et notre vénéré Fuhrer savent que je suis ici, prêt à servir dans la Waffen SS et ni l’un ni l’autre ne m’a demandé à ce que j’abandonne mon ministère (…) Athée, disiez-vous ? Alors sachez que les instructeurs allemands sont tenus de respecter les coutumes nationales et religieuses des volontaires musulmans de Bosnie, incorporés à la division SS « Handschar ». (…) Au point où nous en sommes aujourd’hui, il n’y a pas de choix : ou pactiser avec le marxisme ou se ranger résolument aux côtés de ceux qui le combattent farouchement. Tout le reste n’est que billevesées…" Et quand ce n’est pas suffisant, selon Mabire, la menace : "Si vous voulez faire les fortes têtes, je supprime les messes, les confessions et les communions."
Noel 1944, Jean de Mayol de Lupé célèbre l’office de la Nativité devant plusieurs milliers d’ hommes de la division. C’est sa dernière messe sur le front. Les « Frankreich » venus par curiosité sont goguenards. Il parle une dernière fois de la « Croisade » pour l’Occident et les bénit. Il ne les suivra pas dans leur baroud d'honneur en Poméranie. En trois semaines, la « Charlemagne » sera décimée par le rouleau compresseur soviétique. 700 survivants à peine sur 7000 combattants, dont quelques dizaines – ironie de l’histoire – seront parmi les derniers défenseurs du bunker d’Hitler. Et ensuite ? Le peloton d’exécution ou le goulag, le bannissement, les bagnes d’Algérie, la Légion étrangère, l’Indochine, la guerre, la mort encore…

De Lupé reste à Munich. Il y est arrêté en 1946. Incarcéré à Fresnes, jugé, il est condamné le 13 mai 1947 à 15 années de réclusion, à la dégradation nationale, à la confiscation de ses biens et il est radié de la Légion d’honneur. Il recouvre la liberté en 1951. Il s’éteint le 28 juin 1955. Conformément à ses dernières volontés, il fut inhumé dans le Pilat, à Lupé son « cher village » (une expression figurant dans son testament, citée souvent par Bail qui ne ne dit pourtant mot d’aucune visite de « Monseigneur », enfant ou adulte, à Lupé) en présence d’amis, de relations et de sa famille. Son cercueil, comme nous l’avons déjà écrit, fut porté par six des paysans en faveur desquels il avait intercédé auprès d' Hitler. Une messe fut dite à Bourg-Argental, entre autres lieux.
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"La lamentable saga de ces suicidés de la civilisation a toujours ses nostalgiques !" Ces mots clôturent l’article consacré au dernier carré des Français défenseurs de Berlin publié dans Marianne.
Lupé, 14 janvier 2006 :
- Ah ! moi vous savez, je ne suis pas d’ici, je ne sais pas bien toutes ces choses, je suis allemande.
- Ah ! ben ça tombe bien ! … vous vivez à Lupé ?
- Oui depuis 17 ans.
- Et vous connaissez l’histoire de Mgr de Mayol de Lupé ?
- Oui, enfin non, il est enterré dans le cimetière.
- Oui, et est-ce que vous savez si parfois… il y a des gens qui viennent se recueillir, je veux dire des personnes appartenant à des milieux politiques euh… nationalistes par exemple ?
- Je ne sais pas. Pas beaucoup. Autrefois oui, il y avait des histoires dans le village à cause de ça ; des bagarres.
- Des jeunes ou des histoires de « vieux » ?
- Des vieux ? oui je crois, dans les années 80. Mais moi j’ai pas vu, mais j’en ai entendu parler*.
- Vous connaissez des gens qui pourraient nous en parler ?
- Non, les gens ne sont pas très bavards ici. Surtout avec les étrangers. Même avec moi, pourtant mon mari est français. Et puis aussi, il y a beaucoup de nouveaux qui ne sont pas du village. Je ne peux pas vous dire plus ».

Aussitôt arrivé, l'installation du bivouac et des abris commença, la journée étant déjà bien avancée, un repas s'imposait. Tous autour du feu, nous entamâmes ensuite la traditionnelle veillée au rythme de chants nationalistes. Après une nuit réparatrice bien que courte, les activités commencèrent. Tout d'abord entraînement à l'auto-défense aussi bien à mains nues qu'en utilisant le tonfa. Vint ensuite la descente en rappel, agréables souvenirs pour certains, découverte pour d'autres.
Le temps passe vite sur le terrain et il était déjà temps de regagner Lyon, non sans être aller se recueillir sur la tombe de Monseigneur Jean de Mayol de Lupé, aumônier de la division Charlemagne.
Il est certain que cette sortie courte (48 heures) restera gravée dans l'esprit de nos plus jeunes militants. Rendez-vous donc pour le prochain, courant avril, qui sera encore un peu plus "péchu".
Compte-rendu d’activité d’un groupe de militants de l’ Oeuvre Française, 2003