Mois de Juillet : Mois de la révolution des Cristeros
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par WalkTsin
LA GRANDE HISTOIRE DES GRANDS SOLDATS OBSCURS DU CHRIST AU MEXIQUE, FAITS ROIS DANS LE CIEL PAR LE SACRIFICE COLLECTIF ET ANONYME DE LEURS PROPRES VIES
”Ma petite maman. Me voilà pris et ils vont me tuer. Je suis content. La seule chose qui m’inquiète est que tu vas pleurer. Ne pleure pas, nous nous retrouverons. – José, mort pour le Christ-Roi.”
« La Révolution a refermé sur nous ses deux énormes poings pour comprimer les bouches, serrer les gorges et parvenir à l’étranglement. Dans ce suprême effort pour arracher le Christ de nos entrailles, Lui qui reste le seul oxygène possible de notre vie spirituelle, sur tous les corps, dans toutes les âmes, et jusqu’aux plus indifférentes, surgissent les signes caractéristiques d’une véritable asphyxie. Et ce peuple éreinté par les farces électorales, aujourd’hui, dans le sursaut de la dernière chance, se dresse comme un seul homme sur les cendres de sa désillusion pour la démocratie des votes, il se jette avec une confiance aveugle dans les bras de la démocratie des martyrs. Désormais, nous ne voterons plus avec des morceaux de papier frappés du mensonge municipal. Désormais, nous voterons avec nos vies. »
Anacleto Gonzales Flores, El plebiscito de los martires. (Fondateur de l’ Association Catholique de la Jeunesse Mexicaine, exécuté à Guadalajara le 1er avril 1927, et béatifié le 20 novembre 2005 avec douze autres martyrs de l’épopée cristera.)
Des paysans fauchés à la mitrailleuse lourde pendant qu’ils récitaient l’angélus… Des étudiants battus à mort parce qu’ils portaient une médaille de la Vierge autour du cou… Des enfants de quatorze ans fusillés ou pendus pour le crime qu’ils venaient de faire en public : leur communion solennelle…
Des prêtres “réfractaires” dénudés, émasculés, dépecés du haut en bas et crucifiés pour l’exemple face à leurs paroissiens réunis… Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui sur nos autels, d’autres attendent patiemment d’y être élevés. Mais l’affaire a embrassé entre deux Guerres mondiales tout le pays réel mexicain et ses victimes sont si nombreuses, si infâmantes pour le pouvoir en place, de 1911 à 2001, que personne n’a jamais pris le risque de recenser ces torrents d’héroïsme et de sainteté.
Les martyrs et les saints ne sortent pas des nuages. Ils sont de chair et d’os, comme nous, et ce n’est pas dans les livres, les discours ou les rêves qu’ils se sont montrés plus courageux que nous face aux ennemis de la foi.
Pour leur rendre justice aujourd’hui, par-delà les procès individuels en canonisation, il faut interroger l’aventure temporelle collective qu’on nous avait cachée. Il faut s’ouvrir à cette apocalypse de leur histoire nationale, où pas une seule famille n’aura été épargnée. Il faut dresser en vue d’ensemble le martyrologe du peuple mexicain.
Voici le fait : de 1926 à 1929, dans les États-Unis du Mexique, tout un peuple chrétien armé de machettes et de vieux tromblons affronte au chant du Christus Vincit des régiments de ligne fédéraux, qui arborent le drapeau noir aux tibias entrecroisés et crient Viva el Demonio !
On les appelle les Cristeros. De “Cristo-Reyes”, par déformation du cri de guerre qu’ils avaient adopté : les “rois du Christ”, comme se moquaient les Fédéraux… Oui, les grands soldats obscurs du Christ au Mexique, faits rois dans le Ciel par le sacrifice collectif et bien souvent anonyme de leurs propres vies.
Le dimanche du Christ-roi marque aussi l’anniversaire mystique de la plus grande insurrection catholique du XXe siècle, occultée par l’Eglise et l’Etat mexicain pendant près de trois générations. Il a fallu attendre les travaux historiques de Jean Meyer et d’Hugues Kéraly, puis les béatifications de la fin du pontificat de Jean-Paul II, pour que cette incroyable épopée sorte enfin de l’oubli : de 1926 à 1929, dans les États-Unis du Mexique, tout un peuple chrétien armé de machettes et de vieux tromblons affronte au chant du Christus Vincit des régiments de ligne fédéraux, qui arborent le drapeau noir aux tibias entrecroisés et crient Viva el Demonio !
Des paysans fauchés à la mitrailleuse lourde pendant qu’ils récitaient l’angélus… Des étudiants battus à mort parce qu’ils portaient une médaille de la Vierge autour du cou… Des enfants de quatorze ans fusillés ou pendus pour le crime qu’ils venaient de faire en public leur communion solennelle… Des prêtres “réfractaires” dénudés, émasculés, dépecés du haut en bas et crucifiés pour l’exemple face à leurs paroissiens réunis… Plusieurs d’entre eux sont aujourd’hui sur nos autels, d’autres attendent patiemment d’y être élevés. Mais l’affaire a embrassé entre deux Guerres mondiales tout le pays réel mexicain, et ses victimes sont si nombreuses, si infâmantes pour le pouvoir en place, de 1911 à 2001, que personne n’a jamais pris le risque de les recenser : il nous une vraie pléiade de détectives, chercheurs et chroniqueurs chrétiens pour faire la place qu’ils méritent dans la mémoire et la prière de l’Eglise militante à ces torrents d’héroïsme et de sainteté.
Les martyrs et les saints ne sortent pas des nuages. Ils sont de chair et d’os, comme nous, et ce n’est pas dans les livres, les discours ou les rêves qu’ils se sont montrés plus courageux que nous face aux ennemis de la foi. Pour leur rendre justice aujourd’hui, par-delà les procès individuels en canonisation, il faut interroger l’aventure temporelle collective qu’on nous avait cachée. Il faut s’ouvrir à cette apocalypse de leur histoire nationale, où pas une seule famille n’aura été épargnée. Il faut dresser en vue d’ensemble le martyrologe du peuple mexicain. Certains ont cru toucher le fond avec un cri poussé dix ans plus tard en Espagne sous la fureur d’un gigantesque affrontement, provoqué lui aussi par les ennemis de notre religion : Viva la muerte ! Mais dans la surenchère des passions politiques, la pure frénésie de destruction spirituelle qui fut celle des Fédéraux mexicains ne se mesure à aucune autre puisque la servitude, la mort-même du croyant ne l’apaisait pas. Et dans les hiérarchies de la résistance, suivant la grande leçon laissée par Soljénitsyne, plus fort que le soulèvement national contre l’Occupant, plus fort aussi que le combat contre le totalitarisme d’un Parti, il faut placer l’insurrection contre les assassins de l’âme, notre dernier réduit…
Viva Cristo Rey !
On les appelle les Cristeros, par déformation du cri de guerre qu’ils avaient adopté : Viva Cristo Rey !
En 1925, dans l’année qui précède l’insurrection générale, Pie XI avait proclamé le Christ “Roi des Nations” (Quas Primas).
Au Mexique, une nation entière se mobilise aussitôt sous les drapeaux du Dieu fait homme, elle marche vers les mitrailleuses et les canons de l’Antéchrist parce qu’elle refuse l’abdication des dernières libertés de sa foi.
Cette épopée des Cristeros a donné plus de martyrs à l’Église universelle que les déchaînements de la persécution religieuse en République espagnole, dix ans après. Leur Cristiada entre de plain-pied avec le soulèvement de Vendée : catholique et royal chez les insurgés mexicains en la seule personne de Notre Seigneur Jésus-Christ.Elle n’est connue pourtant, aujourd’hui encore, que de quelques initiés.
Le soulèvement des cristeros s’inscrit au Mexique dans l’histoire d’une longue persécution … La Constitution révolutionnaire de 1917 institue la dictature suprême de l’État contre les droits de la religion. A partir de 1924, le président Calles veut frapper un grand coup : il confie à l’armée l’application des lois antireligieuses du régime précédent.
Viva el Demonio !
L’antithéisme de l’armée fédérale mexicaine n’est pas un vain mot. Le général Eulogio Ortiz fit fusiller séance tenante un de ses soldats qu’on avait surpris au bain, porteur d’une médaille de la Virgen de Guadalupe. Un peu partout, les officiers investissent à cheval la maison du Seigneur. Ils profanent les saintes espèces, organisent des orgies sur l’autel, montent en chaire pour blasphémer et dansent avec les statues !
Toute la hiérarchie militaire est affiliée aux Loges : elle se donne pour mission de “défanatiser” le Mexique, en extirpant la foi. Certains États punissent d’une amende de 10 Pesos – une fortune, pour les paysans – la moindre allusion sur la voie publique au nom du Tout-Puissant. On ne dira plus adios, ni si Dios quiere (si Dieu veut) ; les mendiants eux-mêmes (pordioseros) doivent changer de litanies.
Le président Calles invente d’incroyables mesures pour limiter le nombre des prêtres, jusqu’à celles qui les laisseront tous dans l’illégalité. Les gouverneurs d’Etat se surpassent, ils feront mieux que lui. Et les fidèles bien sûr ne sont pas épargnés. Voici le texte d’une proclamation officielle, affichée sur les portes des églises au début de l’été 1926 :
ART. 1 : Tout individu responsable d’une église sera condamné à 50 Pesos d’amende et un an de prison si les cloches sonnent.
ART. 2 : Pour toute personne qui apprend à prier à ses enfants, la même peine.
ART. 3 : Dans toute maison où il se trouvera des “images pieuses », idem.
ART. 4 : Toute personne qui porte des “médailles » sur lui, idem.
Parallèlement aux profanations, l’artillerie de l’armée fédérale entreprend de détruire les édifices religieux. Dans tout l’État de Tabasco, à la veille de la dernière guerre mondiale, ne restaient sur pied que l’église de Cunduacan, transformée en garnison, et trois chapelles de village perdues dans les monts. La Révolution mexicaine interdisait militairement au peuple de restaurer les ruines ; et elle-même n’a jamais rien construit. Aujourd’hui encore, elle abrite ses musées dans des couvents confisqués à l’Église, et ses gouverneurs dans les palais épiscopaux… Toutes les Révolutions se rassemblent, dans leur néant.
Le feu aux poudres
La loi fédérale du 14 juin 1926 frappe le dernier coup : expulsion des congrégations religieuses ; confiscation des biens de l’Église; mise hors-la-loi de toutes les organisations professionnelles non gouvernementales… Le point décisif de la persécution “callista” est l’enregistrement des prêtres, qui équivaut à notre révolutionnaire assermentation. Tous les ministres du culte public sont conviés à passer sous le contrôle direct des pouvoirs civils et militaires. Le moindre curé de campagne doit “pointer” au commissariat, et y signer des engagements de non prosélytisme religieux.
Eté 1926. Voici donc le peuple mexicain au pied du mur, sommé de se défendre ou de périr dans la foi. Sa résistance est immédiate, unanime, exemplaire. Et tout entière à l’initiative des organisations de laïcs, qui commencent par épuiser l’une après l’autre les voies pacifiques sans aucun résultat.
Les catholiques mexicains organisent joyeusement le boycott économique de tous les monopoles d’Etat. Vinrent ensuite les occupations d’églises et les manifestations de rue : on marche sur les palais gouvernementaux, avec pancartes et statues, sous la protection du Saint-Sacrement. Rassemblements réprimés au Mauser et à la mitrailleuse lourde par les régiments de ligne fédéraux. – Les premiers martyrs cristeros auront compté beaucoup de femmes, d’enfants, qui défilaient armés du rosaire et vêtus de blanc.
A la grâce de Dieu
Juin 1926. L’épiscopat mexicain décrète une mesure absolument inédite, qui devait entrer en vigueur le 31 juillet : la suspension du culte public. Pour la première fois, dans l’Église universelle, le clergé cesse partout de célébrer la messe, il cesse d’administrer les sacrements dans l’ensemble des lieux de culte ouverts aux quinze millions de catholiques mexicains.
Juillet 1926. Le destin du catholicisme mexicain bascule dans l’extraordinaire. Car voici que ce peuple qui avait tout supporté du despotisme maçon, comme des bandits qui ravageaient le Mexique avant lui, voici qu’il ne supporte pas qu’on le prive des sacrements de sa religion.
A partir du mois d’août 1926, les catholiques mexicains éprouvent le sentiment tragique d’avoir dressé tous les pouvoirs contre eux. Rome se tait. La troupe viole et fusille sans jugement. Le gouverneur fait pendre les leaders catholiques. L’évêque les prive des sacrements – C’est une apocalypse, indifférente au monde entier, dans le cœur du Mexique chrétien.
Aux premières lignes
Lorsque la police commence d’arrêter ses étudiants dans la rue, l’ACJM (Association Catholique de la Jeunesse Mexicaine) diffuse un ordre du jour qui doit être consigné là-haut sur le grand livre pour la gloire du Christ-Roi : « Contre l’article 18 sur les délits en matière de culte religieux… nous avons décidé que le port permanent de notre insigne sera obligatoire pour tous les membres de l’ACJM à partir du 31 juillet. »
En juin 1927, quand le gouvernement ne contrôle plus que les capitales, force lui est de se rabattre sur les citadins. On décime. Pour l’exemple. Trois jeunes gens, torturés une nuit entière par les soldats, sont fusillés le 25 contre un mur de la cathédrale de Colima, avec toute la ville pour témoin.
– Regarde, nous allons mourir aux pieds de la Vierge de Guadalupe : derrière ce vitrail, au-dessus de nos têtes, se trouve sa statue.
Détail significatif, les officiers callistes photographiaient partout leurs propres atrocités. Un cliché particulièrement symbolique montre un homme traîné sur un brancard au lieu de l’exécution, et deux autres fauchés autour, qui baignent de leur sang un sinistre caniveau. A droite et à gauche des cadavres, trois jeunes femmes d’une vingtaine d’années, voilées de noir, debout, dos au mur, montent sous l’œil des sentinelles une garde d’honneur forcée. Elles appartiennent aux “BB”, les Brigades féminines Sainte Jeanne d’Arc, et avaient mis sur pied dans leur ville un service de renseignements. La soldatesque, qui arrêtait souvent au hasard des rues, pour assouvir son appétit de viol et de sang, ne s’exposait pas ainsi à “l’erreur judiciaire” : dans le Mexique cristero, toute la jeunesse résistait…
Ruons-nous sur la consolation que Jean-Paul II et Benoît XVI apportent aujourd’hui à l’Eglise universelle en canonisant sans scrupules ni habillage diplomatique plusieurs dizaines de militants cristeros. Puissent les signes forts que ces deux papes ont données faire aussi que les millions d’autres martyrs qui sont partis ou continuent de partir aujourd’hui vers le Ciel sans témoins ne soient pas oubliés pour toujours dans la mémoire et la prière des chrétiens.
Hugues Kéraly
Trois générations de combattants cristeros, dans l'Etat de Colima.
Exécution de saint Augustin Pro, coupable de “sympathies cristeras”, le 22 novembre 1927 à Guadalajara. En civil : le loi interdit – même aux condamnés – le port d’un vêtement religieux. Le Père Augustin vient de pardonner à cet officier, qui se méfie à juste titre du regard de ses supérieurs… Il fera face ensuite debout, sans liens ni bandeau, au peloton d'exécution, les bras en croix, en criantViva Cristo Rey ! Augustin Pro sera béatifié en novembre 2005 dans la cathédrale de Guadalajara.
Bienheureux Anaclletto Gonzállez Fllores
Le 13 juillet 1888 à Tepatitlán, dans l’Etat de Jalisco, José Anacleto González Flores que nous avons cité plusieurs fois dans cet article reste sans aucun doute la plus belle figure intellectuelle laïque de l’épopée cristera. Avocat au barreau de Guadalajara, orateur et écrivain remarquable, comme le sera José Antonio en Espagne dix ans après lui, Anacleto a prêté l’exceptionnelle puissance de conviction de sa voix et de sa plume à la résistance puis à l’insurrection des catholiques mexicains, avant de leur donner sa vie.
Résistance civique et pacifique en premier lieu. C’est dans cette conviction très forte qu’il fonde et développe les principes d’action de “la Unión Popular”, dont les militants vont se compter bien vite par dizaines de milliers dans tous les Etats.
Lorsque toutes les pétitions, toutes les campagne de boycott et tous les recours légaux eurent fini de ne pas servir, Anacleto González Flores prit conseil auprès du Saint-Sacrement, qu’il visitait chaque nuit, et porta son prestigieux soutien aux projets d’action directe et clandestine de la Ligue Nationale pour la Défense de la Liberté Religieuse.
Il est arrêté au matin du 1er avril 1927 au domicile de la famille Vargas, avec tous ceux qui s’y trouvaient, et presque aussitôt torturé pour lui faire dévoiler la cache de son allié de toujours : Mgr Francisco Orozco y Jiménez, archevêque de Guadalajara, seul de tous les membres de l’épiscopat mexicain à avoir voulu risquer sa vie en s’enterrant dans les montagnes de son diocèse après le 31 juillet 1926. Le général Ferreira lui fit désarticuler un à un les dix doigts de ses mains, casser un bras et arracher la peau de la plante des pieds sans obtenir ce renseignement.
Avant de mourir, Anacleto pris congé en ces termes du général Ferreira : “Je vous pardonne volontiers, mon général,mais vous préviens que nous allons nous retrouver bientôt ensemble devant le tribunal de Dieu. Le Juge qui va me juger vous jugera aussi. Vous allez avoir besoin d’un bon avocat. Si vous en êtes d’accord, je pourrai m’en charger !” – Pour toute réponse, le général ordonna qu’on en finisse à la baïonnette avec cette ultime plaidoirie. Anacleto González Flores assistait chaque matin à la messe, quitte à la chercher fort loin dans les trois dernières années de sa vie, et il y communiait. Il était marié, père de deux enfants. Il avait trente-neuf ans.
Bienheureux José Sánchez dell Ríío
Né le 28 mars 1913 à Sahuayo, dans le Michoacán, assassiné le 10 février 1928 par les soldats de l’armée fédérale, José Sánchez del Río est le plus jeune combattant martyr distingué à ce jour par l’Eglise universelle dans l’épopée cristera : il avait quatorze ans.
Le 31 juillet 1926, jour de la suspension du culte public dans tous les Etats mexicains, José n’a même encore que treize ans et cinq mois lorsqu’il commence à assiéger père et mère pour obtenir la permission de s’engager aux côtés des Cristeros. Sa mère lui fait valoir avec douceur qu’il est encore minuscule et risque de gêner les combattants bien plus qu’il ne saurait les aider.
José lui répond : “Ce n’est pas vrai, maman. Tu n’ignores pas, par exemple, que je sais ferrer un cheval et que je cuisine très bien. Tu sais aussi qu’il n’a jamais été aussi facile de gagner son ciel qu’aujourd’hui. Pourquoi m’empêcherais-tu de tenter moi aussi ma chance à cette occasion ?”
La mère finit par autoriser son fils à écrire au général commandant les Cristeros de Michoacán, don Prudencio Mendoza, pour demander s’il accepterait de l’enrôler. Réponse négative : José est trop petit pour porter les armes, mais on le félicite de ses bonnes dispositions.
Rendez-vous pour l’anniversaire de ses dix-huit ans. L’enfant s’accroche et écrit de nouveau au général cristero que non seulement il est bien le meilleur pour le soin des chevaux, mais qu’il n’a pas son pareil dans l’art de faire cuire et griller les haricots (frijoles), ce qui n’est pas rien ! Don Prudencio se laissa attendrir et finit par répondre au gamin : “Si tu madre te da permiso, te acepto”. Luis découragea en vingt-quatre heures la résistance de sa mère et devint très vite la mascotte chérie de tous les combattants, qui l’appelaient “Tarcisio”. Il préparait les feux, dirigeait de nuit le Rosaire et les chants, épongeait le front des blessés et trouvait moyen de faire rire aux heures sombres les plus découragés.
Le 5 février 1928, un an et demi après son admission parmi les combattants cristeros, José est autorisé à prendre part à un combat de cavalerie près de Cotija, où l’étalon du général Mendoza est abattu par un tir des Fédéraux. Luis saute aussitôt gracieusement à terre, tend ses rênes de sa jument au général, réclame un fusil, couvre sa retraite, puis se fait prendre à court de munitions.
– Sachez bien, explique-t-il fièrement à l’officier fédéral, que je ne me suis pas rendu. J’ai manqué de cartouches, voilà tout !
L’enfant est poignardé cinq jours plus tard au bord d’une fosse ouverte dans le cimetière de Sahuayo, après d’atroces tortures morales et physiques dans l’église transformée en porcherie par les Fédéraux, puis achevé à coups de feu. Les soldats lui avaient “écorché au couteau la plante des deux pieds” avant de le pousser à coups de crosse vers le lieu du supplice, sur ordre de leur chef, dans l’espoir qu’il finirait par abjurer sa foi et s’engager avec eux dans l’armée du gouvernement. Ils durent interdire ensuite les entrées du cimetière à la population. Tout le monde voulait s’approcher de la fosse commune pour recueillir une relique encore sanglante du petit “santo Cristero”. Les blanchisseuses du village découvriront peu après dans les poches d’un uniforme militaire ce simple bout de papier. ”Ma petite maman. Me voilà pris et ils vont me tuer. Je suis content. La seule chose qui m’inquiète est que tu vas pleurer. Ne pleure pas, nous nous retrouverons. – José, mort pour le Christ-Roi.” (Cotija, 6 février 1928.)
VIVA CRISTO REY ! VIVA LA VIRGEN DE GUADALUPE
Pour en savoir plus sur l'épopée cristera :
Hugues Kéraly,
La véritable histoire des Cristeros
(224 pages, Préface du cardinal Medina Estévez)
Editions de L’Homme Nouveau, 20 € En ligne sur le site de l'éditeur en suivant ce lien : www.hommenouveau.fr