LE GROS DIAMANT DANS LE DIADEME DES ROIS DE FRANCE
Je vous sacre pour être les perpétuels défenseurs de l’Eglise et des pauvres ! Telle fut la parole que saint Remy répandit
avec l’huile sainte sur la tête de Clovis et des rois de France, ses successeurs.
S’ils s’étaient rappelés cette annonce de sublime avenir, les membres de la Chambre des Députés eussent peut-être hésité à décréter la vente des diamants de la Couronne. Car, à parer dignement un Pouvoir et un peuple honorés d’une pareille mission, tous les diamants de ce monde pourraient-ils jamais suffire ?
Et cependant, la vente des diamants de la Couronne de France est, depuis plus d’un an, un fait accompli. Cette vente a été décrétée, â la Chambre des Députés, le 20 juin 1882, par 248 voix contre 109. Tous les diamants doivent être vendus, à l’exception de quelques-uns qui, à cause de leur rareté, figureront désormais dans la vitrine d’un musée.
Le Régent1 est de ce nombre.
Mais le Régent lui-même eût-il été sacrifié, le décret n’aurait point réussi pour cela à faire disparaître le gros diamant qui a orné si longtemps et si magnifiquement le diadème des rois de France. Il est, en effet, un diamant qui l’emporte de beaucoup sur le Régent.
C’est un vieux parchemin tout poudreux, car il date de l’an 755, et de plus, il porte la signature d’un Pape.
En voici la copie :
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«Pierre, apôtre, appelé par Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, et avec moi l’Église catholique, apostolique, romaine, maîtresse de toutes les autres, et Etienne, évêque de Rome, à vous, hommes très excellents, Pépin, Charles et Carloman, tous trois rois, aux évêques, abbés, ducs, comtes ; à toutes les armées et à tout le peuple de France. - Moi, Pierre apôtre, ordonné par la puissance divine pour éclairer le monde, je vous ai choisis pour mes fils adoptifs, afin de défendre contre leurs ennemis la cité de Rome, le peuple que Dieu m’a confié et le lieu où je repose selon la chair. Je vous appelle donc à délivrer l’Eglise de Dieu qui me fut recommandée d’en haut, et je vous presse, parce qu’elle souffre de grandes afflictions et des oppressions extrêmes... N’hésitez point, mes bien-aimés, mais croyez que je vous prie et vous conjure comme si j’étais présent devant vous : car, selon la promesse reçue de Notre-Seigneur et Rédempteur, je distingue le peuple des Francs entre toutes les nations... Prêtez aux Romains, prêtez à vos frères tout l’appui de vos forces, afin que moi, Pierre, vous couvrant tour à tour de mon patronage en ce monde et en l’autre, je vous dresse des tentes dans le royaume de Dieu»
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