JEANNE D'ARC SUR LES AUTELS ET LA RÉGÉNÉRATION DE LA FRANCE

Publié le par WalkTsin

JEANNE D'ARC SUR LES AUTELS ET LA RÉGÉNÉRATION DE LA FRANCE PAR LE PÈRE J.-B.-J. AYROLES, DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS. 

PARIS GAUME ET CI E ÉDITEURS, 1885 

 

IMPRIMATUR Anicii. Pa die Augusti 1885  de PÉLACOT, vic. génér.  

 


 

 «Je suis venue au roi de France de par Dieu, la Vierge Marie,  et tous les benoîts saints et saintes du Paradis,   et de par l'Eglise victorieuse de là-haut, et de leur commandement».  

(Procès, t. I, p. 176.)  

«...et me racontait l'Ange la pitié qui était ès royaume de France». 

(Ibid., p. 171.)  

«La victoire de l'étendard ou de moi, tout à Notre-Seigneur».  

(Ibid., p. 182.)  

 

 


A JÉSUS-CHRIST ROI DE FRANCE 

A NOTRE-DAME DE FRANCE 

A SAINT MICHEL PROTECTEUR DE LA FRANCE 

AUX SAINTS PATRONS DE LA FRANCE 

AUX PAPES VRAIS PÈRES DE LA FRANCE 

A JEANNE LA PUCELLE LIBÉRATRICE DE LA FRANCE 

A LA FRANCE TRÈS CHRETIENNE 

 


 

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Jeanne apportait un programme politique, et c'est en l'arborant qu'elle a vaincu. Ce programme n'était que le rajeunissement de la vieille constitution politique de la France : JÉSUS-CHRIST ROI. 

Du haut des autels, elle nous demanderait ce que nous avons gagné à la renverser, et à mettre Jésus-Christ HORS  LA LOI. Elle nous presserait de l'y rappeler, et de reprendre le cri antique : 

Vive Jésus-Christ qui aime les Francs ! 

Aucun cri n'est national et français à l'égal de celui-là. 

 

JEAN-BAPTISTE-JOSEPH AYROLES DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS EN LA FÊTE DE SAINT IGNACE DE LOYOLA, LE 31 JUILLET 1883. 

 

IDÉE GÉNÉRALE DE L'OUVRAGE 

 

Sa Sainteté Léon XIII a confié à une commission romaine le soin d'étudier et, s'il y a lieu, de promouvoir la canonisation de Jeanne d'Arc.  Acte de bienveillance envers la France ! Léon XIII en est prodigue, alors même que de notre côté lui viennent tant de  sujets de poignantes angoisses. 

 

Acte surtout d'une admirable opportunité !

 

Une canonisation est toujours un grand honneur pour notre nature, plus spécialement pour les contrées et les classes de fidèles, auxquelles appartient le nouveau Bienheureux. C'est un surcroît de lumières. Le Vicaire de Jésus -Christ montre à l'Église militante un nouvel astre à admirer dans le  ciel de l'Église triomphante. Pas de prédication plus éloquente. C'est un frère, c'est une sœur : nous ne sommes invités à les admirer que pour les imiter, dans la mesure où le permettent les conditions particulières de notre existence individuelle. C'est une force offerte comme appui à notre faiblesse. Le héros du sein de ses splendeurs nous tend la main, pour nous soutenir dans la voie, où par ses exemples il nous sert d'introducteur et de guide. Ces aspects communs à toute canonisation revêtiraient, dans celle de la Pucelle, des caractères entièrement singuliers, tant ils présentent d'à-propos, d'éclat, de puissance, et, il est permis de l'espérer, d'efficacité. 

 

Jeanne d'Arc sur les autels, c'est un honneur sans pareil pour la vraie France, pour la France très chrétienne. Non seulement Jeanne est nôtre par sa naissance, sa vie, par son être tout entier  ;  mais sa merveilleuse histoire est un témoignage unique, dans les annales des peuples, des prédilections de Jésus-Christ pour notre pays. 

 

Dans cette seule figure, le divin roi des nations semble avoir voulu résumer et rappeler lesmarques d'amour que son cœur s'est complu à donner à notre patrie. La vierge libératrice en est la personnification. 

 

Le diadème attaché à son front par la main du Vicaire de Jésus-Christ deviendrait un diadème attaché au front de la France très chrétienne. La vraie France apparaîtrait à tous les regards telle que Jésus-Christ veut la faire. Quoi de plus propre à nous inspirer  la honte de nos laideurs présentes, à nous presser, par un sentiment aussi vif que délicat, de rechercher dans la lumière du divin visage du Christ un éclat perdu ! 

 

La lumière du Christ, c'est le surnaturel chrétien. Les saints ne sont tels que pour s'y être plongés, comme dans l'élément même de leur vie. Mais dans la Vierge de Domremy, ce n'est pas seulement l'éclat du surnaturel dans la vie privée, c'est le surnaturel faisant de la plus simple des villageoises, d'une enfant, une prophétesse, une guerrière, un général d'armée, un profond politique, un théologien quand c'est nécessaire, une martyre, tout en lui laissant la simplicité du hameau.

 

 Qu'est-ce à dire ? C'est le surnaturel dans d'immenses proportions, avec un ineffable éclat. 

 

Quelle manifestation plus appropriée aux nécessités de l'heure actuelle  ?  Le naturalisme, qui nous tue, demande qu'on lui fasse voir le surnaturel dans les faits. L'histoire de la Pucelle est un fait tellement important que le passer sous silence, c'est rompre le cours de nos annales. Peu ou point de faits historiques sont entourés de preuves aussi convaincantes et aussi nombreuses. Le nier c'est renoncer à rien savoir du passé. 

 

Jeanne d'Arc est un défi jeté au naturalisme des âges postérieurs. Le naturalisme le sent, et voilà  pourquoi il s'acharne autour de la céleste figure  :  efforts inutiles  ; ils se tournent contre ceux qui les tentent  ; le surnaturel ressort plus éclatant par les patentes contradictions dans lesquelles tombent ceux qui essaient de le nier. 

 

Jeanne d'Arc est le surnaturel catholique manifesté par les faits, presque dans sa plénitude. 

 

Les catholiques romains sont les seuls qui n'aient rien à dissimuler dans la divine héroïne. 

 

La libératrice du quinzième siècle est le soleil de notre histoire. Venue à la fin du premier millénaire de notre existence nationale, elle nous montre comme dans un beau couchant le soleil de Justice, illuminant les plus beaux versants des dix siècles qui avaient précédé  ; elle nous explique les ombres et la nuit qui se sont épaissies sur la France politique des siècles postérieurs ; elle nous dit d'où vient le chaos au milieu duquel nous nous débattons en attendant la mort. 

 

Nous ne voulons pas des lumières et des ardeurs du surnaturel. 

 

Le surnaturel est cependant l'unique remède à nos maux ; nous ne guérirons, nous ne nous relèverons qu'en lui demandant la solution de tous les problèmes de l'ordre social, moral et politique. 

 

Jeanne d'Arc sur les autels nous le prêcherait avec l'éloquence la plus persuasive. 

 

Qui peut douter un instant que son culte ne fut d'une popularité sans pareille ? 

 

Si nos divisions et nos haines sociales ne sont pas implacables, elles doivent expirer aux pieds des autels de la libératrice. Il n'est pas de nom plus propre à rapprocher et à unir toutes les classes de la grande famille française. 

 

Jeanne nous dicterait les conditions de la paix ; elle nous dirait comment elle peut être solide et ferme. Cette paix n'est pas possible sans une grande réforme morale. Jeanne du haut des autels nous prêcherait celle  qu’elle demanda à la France du quinzième siècle, comme une condition du relèvement national : elle nous dirait comment  elle s'opère. 

 

Jeanne apportait un programme politique, et c'est en l'arborant qu'elle a vaincu. Ce programme n'était que le rajeunissement de la vieille constitution politique de la France : JÉSUS-CHRIST ROI. 

 

Du haut des autels, elle nous demanderait ce que nous avons gagné à la renverser, et à mettre Jésus-Christ HORS  LA LOI. Elle nous presserait de l'y rappeler, et de reprendre le cri antique : 

 

Vive Jésus-Christ qui aime les Francs ! 

 

Aucun cri n'est national et français à l'égal de celui-là. 

 

Il a donné treize siècles de stabilité à la France ;  c'est en le poussant de nouveau que la France reviendra à la vie, et  recouvrera la sécurité du lendemain qu'elle n'a plus. 

 

La libératrice affirmait venir relever la France au nom de tous les benoîts saints et saintes de Paradis.

 

Élevée sur les autels, elle ne plaiderait pas seule notre cause auprès du trône de Dieu ;  tous les saints, spécialement les saints natio- naux, la plaideraient avec elle à un titre nouveau.  Personne mieux que Jeanne n'est en état de savoir et de dire d'où lui venaient sa mission et sa force. Elle n'a cessé de répéter qu'elle était suscitée, formée, conduite par saint Michel.  C'était la confirmation de la foi des aïeux.

 

 Ils regardèrent toujours saint Michel comme l'Archange de la patrie, et ils at- tendirent au quinzième siècle du prince des célestes milices la résurrection de notre nationalité. 

L'invasion du satanisme fait courir aujourd'hui à notre existence nationale de plus grands périls qu'aux jours de l'Anglais  :  la Pucelle du haut des autels nous presserait d'aller demander au vainqueur de Lucifer les secours que la terre nous refuse. 

 

La France du quinzième siècle attendait un secours surnaturel du prince des chevaliers du Ciel ; elle pensait que saint  Michel serait envoyé par Notre-Dame de France, dont le sanctuaire, national entre tous, est la basilique angélique du Puy-en-Velay. 

Verser son cœur aux lieux où les aïeux versèrent le leur, c'est fortifier sa prière de leurs prières. Notre-Dame du Puy  reçut le cri des angoisses patriotiques de nos pères, au quinzième siècle et aux âges précédents. Jeanne d'Arc nous inviterait à rattacher le présent au passé  ; et à venir prier là où elle a prié, par sa mère, et par les chevaliers qui l'avaient  amenée des frontières de Lorraine. 

 

Personnification des prédilections de Jésus-Christ pour la France, la Pucelle nous explique pourquoi Jésus-Christ  nous a révélé la dévotion à son cœur : elle nous montre encore le Dieu qui aime la France, invitant la pauvre égarée à venir se réfugier dans ses bras et dans ses tendresses. 

 

Le festin destiné à fêter le retour du prodigue est dressé pour les nations comme pour les individus. 

 

Le lecteur a sous les yeux la suite et l’ordre des idées, et dont le développement fait le fond de cet ouvrage. 

 

C'en est assez pour entrevoir ce que serait pour la France la canonisation de Jeanne d'Arc, quels bienfaits seraient  renfermés dans un seul.  Il est permis de penser que le Ciel rés erve à la Pucelle l'honneur de délivrer une seconde fois la France. La céleste bergère contemplée dans la gloire serait toute bonne lumière pour l'esprit, toute bonne excitation pour le cœur, toute force pour l'âme. 

 

C'est au Vicaire de Jésus-Christ qu'il appartient de canoniser ; mais c'est au Saint-Esprit qu'il appartient le lui inspirer.  Pouvons-nous y contribuer ? comment ? ce sera la conclusion de ce volume.  Les termes de sainte,  de miracle, et d’autres semblables se trouveront souvent sous notre plume.  Ils  doivent  se  prendre avec les restrictions prescrites par les décrets du Siège Apostolique et notamment d'Urbain VIII. 

 

Obéir en tout au siège de Pierre est le vœu le plus ardent de notre cœur, comme c'est notre premier devoir ; trop heureux s'il nous est donné de pouvoir le défendre et le glorifier. 

 

LA SUITE 

Publié dans Histoire de France

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